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[SCENAR] Métropole
27/06/2007 13:31
Ces dernières années, la cité avait changé de visage. Entièrement rénovée, aseptisée, modernisée, on aurait dit qu’elle venait de sortir de terre. Et pourtant, l’évolution et les transformations furent immenses. Lorsque le gouvernement est arrivé au pouvoir, il a su convaincre qu’il fallait une vraie métamorphose de la ville. La violence, l’assistanat, la solidarité aveugle, tout cela ne pouvait plus perdurer… Les citoyens en avaient assez, ils voulaient du bonheur, du changement, du progrès… Il y a quelques mois, ils ont donc élu A. Homme de poigne, les citoyens lui accordaient une confiance aveugle. Sa réussite financière personnelle était un modèle, la ville allait devenir son terrain de jeu. Sa méthode ? Investir, injecter des capitaux dans les entreprises privées technologiques et biomédicales, soutenir les entreprises, et augmenter le pouvoir d’achat des citoyens. Très vite, on a vu s’élever des buildings énormes, on a vu se construire des cliniques privées, on a vu proliférer des complexes de loisirs, bref la ville n’était plus la même. Les hommes et les femmes recherchaient la perfection, l’immortalité, la beauté éternelle, et les cliniques et les centres de médicaux permettaient d’y accéder. Seulement tout à un prix… et tous ne parvenaient pas à atteindre cet idéal. Très vite on a vu s’enrichir certaines familles au détriment d’autres, les écarts se sont creusés, et on a fait clairement comprendre à certains de ces laisser-pour-comptes qu’ils n’étaient plus les bienvenus dans la ville. Certains ont dénoncé les injustices, d’autres se sont enfoncés dans une certaine dépression. Mais ni la rébellion, ni la souffrance n’étaient admis dans la cité. Toute forme de soulèvement était enrayée et il régnait dans la ville une certaine terreur. Ne jamais s’opposer au risque de perdre ses privilèges. Et ceux qui n’en avaient pas ? Et bien tout naturellement, on leur a fait comprendre qu’ils étaient indésirables et que leur place étaient bien loin d’ici, davantage à l’écart. Parqués dans la zone minière et post-industrielle, ces citoyens indésirables se sont organisés. Travaillant dans les usines pharmaceutiques, ils étaient une main d’œuvre servile non négligeable pour les chefs d’entreprise de la ville. Peu à peu la banlieue s’est transformée en une immense décharge où se retrouvent pêle-mêle les pauvres, les handicapés, les enfants déformés suite aux manipulations génétiques, les rebelles ou les vieillards sans le sous. Ce no man’s land était devenu terrifiant au fil des années, tant pas le nombre des individus que par la violence qui y régnait. Certains essayaient tant bien que mal de regagner la cité, conduisant les autorités à dresser un large mur entre les deux zones. Hyper militarisé, tout ceci contribuait à réduire à néant l’espoir pour un individu de côtoyer l’autre côté. La politique de A était protectionniste et le plan d’immigration contrôlé fonctionnait à merveille. Cette situation avait bien entendu contribué au regain de tension entre les deux zones. Le contraste était saisissant, et si les citoyens avaient besoin des rejetés de la décharge pour leurs expérimentations, leurs usines ou l’expression de leurs désirs, les rejetés eux laissaient la haine grandir en eux.
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